Au Bénin, la récade symbole du pouvoir royal « dahoméen » entre au musée

Son nom : « Le Petit Musée de la Récade » et c’est le premier musée au monde consacré à ce symbole de pouvoir. Inauguré début décembre au Centre Arts et Cultures d’Abomey-Calavi, c’est désormais un nouvel endroit où l’on peut redécouvrir l’histoire du Dahomey à travers cet objet privilégié qui a participé à son écriture.
C’est dans un haut bâtiment cubique très moderne (dont l’architecture est signée René Bouchara, ndlr), qu’est exposée la collection du Musée de la Récade. Les plafonniers arrimés à quelque cinq mètres du plancher, éclairent une vingtaine de récades de toutes sortes, dans une atmosphère aseptisée. L’odeur de peinture qui plane encore dans l’air témoigne de la fin récente des travaux. Le bâtiment blanc s’incruste dans le complexe déjà assez connu du Centre Arts et Cultures d’Abomey-Calavi. Des salles d’expositions, salles de spectacles et ateliers de création agrégées autour d’une bibliothèque de livres d’art entre autres, sont quotidiennement prises d’assaut par une centaine de visiteurs : des élèves venus des trois écoles environnantes mais aussi des étudiants et autres curieux.

Un projet de restitution de la collection privée de Robert Vallois

« Les récades exposées proviennent en majorité de la collection personnelle de Robert Vallois et d’autres collectionneurs privés », explique Timothée Grimblat, directeur artistique du musée. Le collectionneur parisien qui a, par ailleurs, financé la construction du Centre et du Musée de la Récade, a décidé, non seulement d’exposer les objets de sa collection, mais aussi d’en montrer d’autres gracieusement offerts par des particuliers. Ces récades proviennent des historiques campagnes coloniales au cours desquelles elles auront été prises ou offertes selon les aléas de la fortune ou au hasard des alliances ; mais elles ont été aussi acquises parfois à l’occasion de ventes publiques.
Elles sont en ivoire, en cuivre, en bois… Elles ont des formes et des symbolismes différents (le lion propre au roi Glèlè, mais aussi le requin, symbole du roi Béhanzin, le toucan, le poisson parmi d’autres, ndlr) selon qu’elles ont appartenu à un roi ou à d’autres personnalités de la structure du pouvoir Dahoméen. Mais « le plus important c’est que ce soient des objets qui viennent d’ici, du Dahomey, » indique Timothée Grimblat.
Des objets qui parlent aux Béninois de leur histoire et de la symbolique d’un objet encore très présent dans leur environnement socioculturel. C’est d’ailleurs pourquoi le Musée se dit ouvert à étendre sa collection à des récades qui seraient offertes par des particuliers locaux. C’est pourquoi aussi, en plus de cette aile que l’on pourrait qualifier d’historique où sont exposées d’anciennes récades, il a été aménagé un petit espace destiné à des créations d’art plastique contemporain qui revisitent la symbolique de la récade.

« Un symbole de parole plus que de tout »

Aucun autre objet n’a sans doute autant écrit l’histoire aux côtés des humains, que celui qui indiquait la suprématie de l’un d’eux sur les autres, quels que soient les fondements et les conséquences de cette suprématie. Et la récade était l’un de ces objets au Dahomey. Il ne s’agissait pas que d’un outil comme le seraient l’épée à la guerre ou la faucille au champ mais d’une construction sociologique où le peuple reconnaissait l’origine des ordres qui le meuvent. C’est pourquoi les rois du Dahomey n’étaient pas les seules personnes qui pouvaient se trouver en possession d’une récade. Ils pouvaient la remettre à leurs messagers, à leurs chefs de guerre… L’on trouve même dans ce musée qui leur est consacré des récades ayant appartenu à des amazones. C’est « un symbole de parole plus que de tout », comme l’explique le directeur artistique du musée, dans le sens où elle atteste de l’origine de la parole du porteur, et la légitime. Voilà peut-être l’une des raisons majeures qui justifient le fait de consacrer un musée aux récades : leur charge symbolique. C’est aussi pourquoi les créateurs de cet espace ont eu le flair de l’ouvrir gratuitement au public, persuadés que si l’esprit « musée » n’est pas encore totalement béninois, l’esprit « musée de la récade » peut être profondément dahoméen. « Quand les gens viennent, c’est impressionnant de voir l’effet que ça a sur eux de voir exposées des récades… », raconte déjà Timothée Grimblat, alors même que le musée inauguré début décembre, n’entre pleinement dans sa phase opérationnelle qu’en janvier. En attendant, le « Petit Musée de la Récade » reçoit, avec ses récades, le trône sculpté et le lion (emblème de Glèlè) qui y sont exposés, plusieurs visiteurs et curieux chaque jour.

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